On dit d’un arbre qui porte des nids de chenilles processionnaires que c’est un hébergeur. Au vue des conséquences qui en résultent, nul doute qu’il s’en serait bien passé ….

Deux sortes de chenilles sont recensées : 

  • La processionnaire du pin dont le papillon est le Thaumetopoéa pityocampa
  • La processionnaire du chêne dont le papillon est le Thaumetopoéa processionea


La répartition géographique de ces deux ravageurs progresse chaque année en Europe et tout particulièrement vers le nord de la France, sous l’influence en premier lieu du changement climatique mais aussi de l’activité commerciale du bois qui pourrait participer à sa dispersion.

La processionnaire du pin est aujourd’hui la plus présente en région Bretagne. Les communes les plus touchées en Ille et Vilaine sont celles où la densité de pins est la plus forte à savoir la frange littorale de Saint Briac à Cancale.

Son nid est bien visible à l’extrémité des plus grosses branches de pins, cèdres ou douglas . Il est caractéristique et facilement reconnaissable par l’imposant cocon blanc et soyeux qu’il forme. Les plus grands nids peuvent atteindre jusqu’à 1mètre de long. Ils sont faits de la peau des mues successives, de poils urticants et d’excréments.

La processionnaire du chêne est aussi présente en Bretagne mais de façon moins prégnante. Les populations évoluent par gradation, l’insecte peut ainsi pulluler trois années de suite avant de voir le nombre d’individus baisser nettement.

Caractéristiques générales

  • Taille évoluant avec l’âge jusqu’à 5 cm maximum,
  • Corps de couleur brune/noire avec des tâches orangées.
  • Recouvert de très nombreux poils irritants et urticants (jusqu’à 1 million) à la différence à la différence des autres chenilles.
  • Régime alimentaire constitué des aiguilles de diverses espèces de pins, cèdres ou douglas. La chenille processionnaire du chêne se nourrit des feuilles.  – Se déplace en file indienne ou procession.

 

Les seules différences entre les deux espèces de processionnaires sont :

    • Le cycle biologique qui passe par une étape terrestre pour celle du pin alors que celui de la processionnaire du chêne est complètement aérien,
    • La période urticante qui est beaucoup plus longue pour celle du pin,
    • Arbre support et régime alimentaire.

La chenille processionnaire est la larve d’un papillon de nuit.

Au printemps, la colonie de chenilles va quitter son nid et descendre en file indienne à l’image d’une procession, le long du tronc de l’arbre (pins, cèdres ou douglas).

Le seul objectif de la chenille est désormais de s’enterrer dans le sol sous la forme d’une chrysalide où elle y séjournera plusieurs mois. Un soir d’été la chenille va pouvoir quitter son cocon sous la forme papillon de nuit. Le papillon est la forme adulte de la chenille. Les papillons vont ensuite se reproduire et pondre des oeufs de chenilles dans un arbre. Chaque femelle pondra entre 70 et 300 oeufs et mourra ensuite. La dure de vie du papillon est très courte. Le mâle vit 1 à 2 jours maximum et meurt après l’accouplement. La femelle mourra une fois la ponte terminée.

Le cycle se répétera ensuite sans fin.

Les chenilles processionnaires : un véritable danger !

Pour les humains et les animaux

Les propriétés irritantes, urticantes et allergisantes proviennent d’une fine poussière présente sur les poils, qui se détache de plaques situées sur le dos de la partie postérieure de la chenille.

Le risque pour la santé humaine et celle des animaux se situe à partir de la fin du mois d’octobre avec le troisième stade larvaire (L3) et la fin avril pour la processionnaire du pin. Pour la processionnaire du chêne, elle sera comprise entre mai et juillet.

Bien entendu, ces périodes peuvent sensiblement évoluer en fonction des conditions climatiques.

C’est en effet à partir du stade de développement L3, que des poils d’abord microscopiques font leur apparition. Au stade larvaire 4 (L4), la chenille est entièrement recouverte de polis.

Les poils sont très souples, cassants et sont munis de petits crochets pour mieux s’accrocher à la peau et attaquer les muqueuses. Ils se détachent très facilement par contact ou alors par réaction de la chenille à une situation d’attaque et/ou de stress. Les poils sont légers et se dispersent facilement dans l’air par le vent et l’action de l’homme lors d’une tonte de pelouse par exemple.

Il n’y a donc pas besoin de contact avec la chenille pour être touché et développer une réaction.    Les poils se dispersent également par la sueur, le simple grattage de la partie du corps touchée ou encore en portant les mains aux yeux ou à la bouche.

A la moindre exposition au poil, celui ci libère une toxine appelée la Thaumétopoéine. Elle est irritante, urticante, allergisante et provoque d’intenses démangeaisons. La victime ressent généralement une sensation de brûlure avec apparition de plaques rouges enflées. Les réactions inflamatoires peuvent être locales : urticaire, conjonctivite, toux irritative, etc …. Elles disparaitront après quelques jours. En cas d’évolution ou de persistance, il faudra consulter votre médecin.

Dans d’autres cas, les réactions peuvent être de type allergiques graves (oedème laryngé, choc anaphylactique, etc ….) qui nécessitent une prise en charge médicale immédiate avec hospitalisation et pouvant parfois entraîner le décès de la personne.

Pour les animaux, les risques sont tout aussi graves et la prise en charge par le vétérinaire s’impose. La réactivité du propriétaire est déterminante car il s’agit bien souvent d’urgence vitale.

En cas de piqûre, l’animal développera une forte irritation qui instinctivement le poussera à se lécher et à se gratter. Il dispersera donc les effets sanitaires sur les autres parties de son corps et particulièrement sur sa truffe, ses babines et sa langue. Les réactions vont se multiplier et deux conséquences graves vont très rapidement survenir : La nécrose de la langue empêchant l’alimentation et le choc allergique ou anaphylactique qui va affecter la respiration. Elles peuvent être fatales.

Vos animaux de compagnie sont concernés et notamment le chien qui essaie de croquer les chenilles pour jouer.

Pour les végétaux

Le risque pour les végétaux est la défoliation partielle ou totale qui inéluctablement fragilisent les arbres. C’est un véritable fléau pour les pins dont les conséquences sont largement visibles par chacun de nous le long des routes notamment. Leur mort n’est pas pour autant systématique mais ils deviennent beaucoup plus sensibles aux attaques d’autres pathogènes (champignons, scolytes, pissode, etc …). Leur croissance est aussi ralentie. Si les conditions de croissance sont satisfaisantes, l’hébergeur supportera cette présence et rattrapera son retard. Dans le cas de défoliations répétées, les arbres largement colonisés finiront en revanche malades et mourront.

Les techniques de lutte

Chaque technique de lutte sera pensée et mise en place au cours de l’année, en fonction du cycle de développement biologique de la chenille processionnaire.

L’intervention humaine est aujourd’hui indispensable pour que la lutte contre ce fléau soit efficace. Elle doit être régulière et répétée chaque année car malgré la destruction des nids et chenilles, les papillons de l’année viendront à leur tour pondre leurs oeufs dans les arbres … et le cycle se répétera.

Le piégeage des papillons

S’opère pendant la période d’envol du papillon en juillet/août par la pose de pièges à phéromone de synthèse.

L’objectif est de diminuer la population de papillons mâles pour réduire les accouplements et la ponte des papillons femelles.

La lutte mécanique

Consiste à enlever manuellement les nids présents dans l’arbre. 
 
 

Le piégeage des chenilles

Se réalise au moyen d’une gouttière disposée tout autour du tronc de l’arbre colonisé.
 
 

La lutte par les oiseaux

Un certain nombre d’oiseaux raffole des chenilles processionnaires. On les appelle des « Auxiliaires écologiques ». C’est le cas notamment des coucous, engoulevent, huppes fasciés, pouillot véloce, roitelet huppé, roitelet triple bandeau, mésanges et tout particulièrement les mésanges charbonnières qui présentent un double intérêts.  
 
Les nids pour mésanges seront mis en place en automne/hiver avant la période d’accouplement des oiseaux et de nidification. Ils doivent être nettoyés chaque année.

Cette régulation parfaitement biologique est rendu possible par l’installation de nichoirs à mésanges et leur sédentarisation sur les zones infestées.

La lutte par la gestion du paysage

Consiste à améliorer la biodiversité des peuplements en privilégiant les feuillus, afin de réduire le nombre et l’accessibilité des arbres hôtes, et de constituer un refuge pour les ennemis naturels.